mercredi 30 décembre 2009

Laow Lao


Laow Lao est un mot qui résonne souvent dans les maisons laotiennes alors que les travaux des champs sont terminés. Il s'agit de l'alcool de riz lao. Sa consommation suit un rite particulier et très protocolaire, comme le raconte très bien Amphay Doré dans son livre Le partage du Mékong :

"A la suite du maître de maison, et selon un rituel qui veut que l’on commence par le voisin de droite de ce dernier, chaque invité doit offrir une tournée générale. A mesure que le verre circule, les conversations s’animent, à la faveur des toasts collectifs.

- Gnok ! Gnok ! (« Levez ! Levez ! ») lance-t-on pour inaugurer ces toasts. On convient d’avance s’il faut vider entièrement le verre ou le boire seulement à moitié. Un examen minutieux et non dénué d’humour est ensuite entrepris pour vérifier si chaque convive s’est acquitté honorablement de sa tâche. Gare aux resquilleurs qui tentent de se débarrasser du contenu de leur verre ! Signalés par les protestations de leurs voisins, ils sont pénalisés par une double ration, à boire dans l’instant et devant tous. Sont également passible d’amende les personnes qui, au cours des tournées individuelles oublient de signaler aux autres qu’elles vont boire, par la formule Kho anugnat bat kam (veuillez me pardonner…) car, buvant seules dans ce cas, elles se doivent de s’excuser pour ne pas enfreindre les règles de politesse communautaire.


Lorsque les tournées individuelles s’achèvent et que la bouteille et le verre reviennent au maître de maison, l’heure est venue de lancer l’opération des « mains tendres », auxquelles on ne peut rien refuser. En effet, des jeunes filles se glissent entre les invités en leur présentant, accroupies deux verres, l’un plein, l’autre vide, sur une assiette. L’invité peut exiger que la jeune fille boive en même temps que lui, auquel cas, elle doit remplir le deuxième verre. Certains, particulièrement entreprenants, réussissent à la persuader de boire en même temps qu’eux en entrecroisant leur bras pour mimer, sur un mode ludique, les rites du mariage. Contre les hommes qui refusent catégoriquement de boire, la « main tendre » peut, en dernier recours, remplir son propre verre et le boire devant son partenaire, ce qui oblige ce dernier à s’exécuter, sous peine de perdre la face devant le « sexe faible »."